La galerie Tinbox en sommeil : existe-t-il une place pour l’art entre le secteur public et le marchand ?

Janvier 2012 : deux projets culturels entrent en sommeil, Happen, webzine culturel, et Tinbox, galerie d’art. Deux projets qui n’ont certes rien à voir mais dont l’annonce de mise en stand-by, coup sur coup, invite à quelques interrogations…
L’un comme l’autre se refusent néanmoins à annoncer la mort de leurs projets : l’équipe de Happen cherche des repreneurs pour faire vivre le site, Tinbox ne programmera plus d’expositions régulières mais fait perdurer sa structure administrative.

Nadia Russell, pour la galerie Tinbox, a accepté de répondre à quelques questions.
Affaire à suivre (sans vilain jeu de mots)…

-Depuis quand existe votre projet ?

Tinbox est une galerie associative crée en 2007. C’est un outil de production, de recherche, d’expérimentation, d’exposition, et de  médiation à l’attention des artistes et des publics.
Le projet de départ était un espace d’exposition miniature sous la forme d’une boîte pouvant aller à la rencontre des publics dans des lieux divers dédiés ou non à l’art. C’est cette boîte qui a donné son identité à la structure. La boîte est en sommeil mais existe toujours et ne demande qu’à être réactivée.
Le projet s’est ensuite développé avec un lieu fixe à côté de l’école des Beaux-arts pour ensuite déménager cours de l’Argonne à la Victoire dans un quartier ou il n’y a aucune offre culturelle.
Tinbox présente environ 6 expositions par an, collectives ou personnelles. Elle présente en priorité les artistes de la Région mais est ouverte à des artistes internationaux. Tinbox soutient des artistes professionnels en voie de légitimation qui œuvrent dans le champ de l’originalité, de la recherche, de l’utilisation de matériaux expérimentaux et de supports de communication novateurs. J’ai choisi de travailler avec des artistes en début de carrière pour les accompagner. Tinbox est un espace tremplin.

-Combien étiez-vous au départ ? Et aujourd’hui ?

Nous étions deux au départ, aujourd’hui je porte le projet seul avec l’aide régulière de stagiaires.

-A l’époque, comment imaginiez-vous l’avenir ?

Tinbox a vu le jour à une période où de nouveaux lieux dédiés à l’art contemporain s’implantaient ou se développaient à Bordeaux. Au moment également où deux nouvelles directrices arrivaient au FRAC et au CAPC et où une nouvelle équipe s’installait à la DGAC de la Mairie de Bordeaux. Nous avions le sentiment à l’époque qu’il y avait une volonté de la ville de favoriser l’émergence. On y croyait, l’énergie était là et la volonté de faire aussi.

Deux directions très différentes s’offraient à moi : orienter la structure vers le marchand (direction vers laquelle pousse la ville de Bordeaux) en créant une entreprise ou développer le projet selon un format associatif à l’image d’ « à suivre… ». J’ai fait des expériences dans les deux directions, j’ai participé à la Foire Slick en 2009. J’ai pendant un long moment été « borderline » oscillant entre un fonctionnement de galerie marchande et de lieu d’art.  Je pense aujourd’hui que Tinbox doit mieux définir son orientation et se positionner clairement comme un espace complémentaire du privé (galeries) et du public (institutions). Il n’y a pas de marché de l’art à Bordeaux.

J’ai toujours eu une vision très réaliste de la politique culturelle à Bordeaux, mais sincèrement je ne pensais pas que ce milieu était si difficile et si fermé, voire consanguin.

Je pense néanmoins qu’une possibilité de développement d’un lieu d’art contemporain reste possible car nécessaire.

-Pourquoi avez-vous choisi de mettre aujourd’hui la galerie sur la touche ?

Je manque de moyens.

Je ne suis plus en mesure aujourd’hui de continuer à diffuser le travail des artistes et d’accueillir le public gratuitement sans soutien financier. Un lieu qui fonctionne sans argent ne peut que s’essouffler.
L’objectif est de réfléchir à un autre fonctionnement, de modifier les objectifs de Tinbox et de tenter de convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de soutenir un lieu associatif dédié à l’art contemporain.

-Selon vous, que manque-t-il à Bordeaux pour la culture ?

A Bordeaux il manque de lieux dédiés à l’art contemporain complémentaires du secteur privé (galeries commerciales :  cortex Athletico, acdc, ilka Bree ou éponyme….) et du secteur public (FRAC , CAPC…).

Depuis la fermeture du lieu « A suivre… » il n’y a plus d’espace d’exposition de qualité permettant aux artistes de présenter leur travail.

Il manque également de résidences d’artistes et de revues d’art critique.

-Que peut-on vous souhaiter pour les années à venir ?

De trouver des partenaires financiers pour pouvoir réouvrir Tinbox.
J’espère rouvrir en 2013 avec avant une exposition en septembre 2012 autour du multiples.

Nadia Russell pour bordeauxzob

Comments
6 Responses to “La galerie Tinbox en sommeil : existe-t-il une place pour l’art entre le secteur public et le marchand ?”
  1. arts visuels dit :

    Cher Christophe : personne de doute qu’il y a un vivier d’artistes à Bordeaux ! Mais ! Voici ma réponse à ta réflexion : « Combien d’artistes travaillant à Bordeaux ont-ils une réelle côte ? Pas plus de cinq. » Il n’y en a aucun, les artistes français ont une cote nulle sur le marché internationale d’art contemporain, exceptés les artistes connus avant 81, Arman, César, etc… Piqure de rappel : à l’émission de Laurent Ruquier le samedi soir était invité, il y a quelques mois, l’artiste peintre Gérard Garouste, le peintre contemporain vivant le + coté en France. Laurent Ruquier lui a demandé combien il était coté sur le marché international, sa réponse a été : « 0 », une bulle ! Alors qu’en France il est coté autour de 200.000€ je crois la toile. Laurent Ruquier ne l’a pas cru et Gérard Garouste avec raison a expliqué que les artistes français contemporains n’avaient pas de cote sur le marché international de l’art contemporain, ce que j’explique avec les Apea depuis quelques années ! Lorsque les artistes Anne et Patrick Poirier ont des commandes outre atlantique, leurs prestations sont facturées je crois avec un zéro de moins qu’un artiste américain, souvenir d’un article lu je ne sais plus dans quelle revue, il ya quelques années. Il y a Yan Pei-Ming par exemple qui a une cote internationale mais sur la scène internationale mais il est considéré comme un artiste chinois et non français même s’il a fait les Beaux Arts à Dijon. Pareil pour Huang Yong Ping qui est considéré comme artiste chinois et non français même s’il réside en France. Grave échec des institutions françaises qui n’ont que des yeux pour ce marché international d’art contemporain véreux. Et une côte ça veut dire quoi !?! Rien, artistiquement strictement rien, rien de rien !!! Pourquoi ? Les délits d’initiés et les conflits d’intérêts sont les deux mamelles du marché international de l’art contemporain et surtout en France où le rôle majeur dans les cotations du couple conservateur-collectionneur avec des institutions non privées comme dans les pays anglo-saxons mais publiques avec l’argent du contribuable ! Il faudra quand même que les artistes en France lisent un peu nos sociologues de l’art, il y a quand même deux dames avec une réputation largement méritée même si on ne partage pas toujours tout ce qu’elles expliquent !!! Amitiés cher Christophe, lili-oto qui fait des fautes d’orthographes, et donc pas artiste plasticien pour rien, ce qui ne m’empêche pas d’écrire des poèmes et des scénarios de long métrage !!!

  2. Lili-oto dit :

    Oui, il existait une alternative artistique entre le marché et l’institution, des alternatives indépendantes et efficaces comme celles que nous avions fait à Lyon en 1993 avec la biennale d’art contemporain dissidente BAC OUT, sans un sous de subvention et autour de 40.000 visiteurs et peut-être plus, ou l’usine éphémère à Paris, et plein et plein d’autres expériences à Paris, Lyon, Marseille, Lille mais il vrai peu à Bordeaux. Est-ce la faute des artistes bordelais, bien sûr que non! Toute les villes citées sont de vrais villes industrielles, avec une vraie culture de résistance qui vient non pas des artistes mais des mouvements ouvriers locaux. Donc il y a toujours eu un mouvement underground puissant dans ces villes ! Pourquoi tout ça s’est estompé ! Puissance aujourd’hui scandaleuse de l’institution mise en place sous J Lang sous la tutelle des élus, la spéculation immobilière qui a chassé les artistes des villes et puis la puissance du marché international véreux de l’art contemporain. Et tout ça a un nom : la globalisation du néolibéralisme culturel. Que faire ? La solution ne peut-être que politique ! Je proposerais un nouveau projet pour la gestion de la création contemporaine tout art confondu et pour les artistes, danse, théâtre, littérature, arts plastiques, poésie, cinéma… Ainsi que pour les techniciens et artistes intermittents du spectacle après que les candidats montrent eux-même leur programme politique et surtout culturel (si il y en a un!)… Le projet que je vais proposé est dans mes valises depuis 2 ans. lien : lili-oto candidat virtuel sur un petit blog tout simple : http://election-presidentielle-2012.over-blog.com/ Bonne chance…

  3. Romane dit :

    Happe:n n’est pas mort ! Vive Happe:n et la nouvelle équipe recrutée il y a peu. Le site va renaître de ses cendres et sortir d’une trêve hivernale d’ici quelques jours :))

    (Romane – chroniqueuse musique ravie de pouvoir -encore- continuer l’aventure)

  4. izab dit :

    Au moins il a qque chose au dire,autre que d critiques sur de l’orthographe!!!!
    tt le monde a bien compris ce qui est ecrit je pense!

    haaaaaaaaaaaa je fais d fautes moi aussiiiiiiiiiiii

  5. Massé Christophe dit :

    J’ai envie de dire qu’il existe réellement une place pour l’Art dans les villes de moyenne importance (Bordeaux par exemple). Pour deux « belles » raisons. Si nous prenons le cas de Bordeaux on peut s’apercevoir que la ville possède une grand…e, très grande, immense pépinière de créateurs. Qu’un public assez curieux, et assez chaleureux s’y trouve aussi. Deux ingrédients qui sont une clef de voute sur laquelle se pose le reste. Les initiatives doivent peut-être se passer d’attente. Jamais des collectionneurs ne viendront en nombre sur un marché qui n’est pas attractif car il n’est pas entretenu. Combien d’artistes travaillant à Bordeaux ont-ils une réelle côte ? Pas plus de cinq. La pyramide: du Musée qui entérine « les grands » aux galeries qui convient des artistes internationaux réputés (en y joignant régulièrement un artiste du cru), aux institutions qui font « normalement » du lien, en passant par l’Underground qui défriche à sa juste place, nous constatons des manques partout. Les éléments de la curiosité ne sont pas tous en place, ni dans le bon ordre et les usurpations de positionnements sont trop importantes pour qu’une réelle efficacité puisse permettre de vivre avec l’Art en lui donnant sa place réelle. Ne nous étonnons pas de constater qu’un industriel puisse avoir son mot à dire dans le débat local, en conviant des artistes de renommés sous prétexte de passion pour l’Art et qui n’est qu’une manière judicieuse d’occuper un terrain publicitaire. Ne nous étonnons pas de voir le budget culturel intégral (ou presque) d’une cité allait sur une Biennale qui apporte soit disant une crédibilité internationale à la Ville qui demande à être vérifiée tant les motifs d’insatisfactions sont nombreux. Ne nous étonnons pas du manque d’inter relations, du manque de curiosité des responsables culturels pour le travail accomplit dans l’ombre, ni du manque de curiosité des quelques institutionnels et galeries officielles pour le travail des artistes bordelais et de ceux qui les défendent. Demandons nous alors pourquoi nous nous contenterons des initiatives vivantes et bien réelles qui se créent et résistent en tissant un réseau. Celui qui au fil du temps s’avèrera soit insuffisant soit captivant (C’est le cas de Sous La Tente: Un lieu totalement indépendant pour l’Art à Bordeaux) mais qui demeurera dans la permanence, à cheval entre ponctualité et pérennité, et qui progressivement de sa quête; simple et efficace: « relation du travail de l’artiste dans le lieu pour un public » trouve des motifs de satisfaction bien réels. Demandons alors à ce public dans un temps de s’investir (comme il a commencé à le faire d’ailleurs) sur plusieurs plans; pour porter l’information, pour réchauffer le cœur de l’artiste, et apporter dans sa juste idée du commerce un réel crédit à l’initiative, pour aider les artistes à MONTRER AILLEURS. Partons du bas de la montagne et recommençons sans attendre jamais, ni cesser de croire.
    Christophe Massé.

  6. Anonyme dit :

    bouhhhhh!!!!!! et les fautes d’orthographe, bouhhhhhh!

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